par une retraite de douze jours.
Elles y étaient logées et nourries aux dépens de la compagnie. Nul homme ne pénétrait dans ce sanctuaire s’il n’était revêtu de l’habit de saint Ignace ; les domestiques, même du sexe féminin, n’y pouvaient accompagner leurs maîtresses. Les exercices pratiqués dans ce lieu saint étaient la méditation, la prière, les catéchismes, la confession et la flagellation. On nous a fait remarquer les murs de la chapelle encore teints du sang que faisaient, nous a-t-on dit, rejaillir les disciplines dont la pénitence armait les mains de ces Madeleines.
Au reste, la charité des moines ne fait point ici acception de personnes. Il y a des cérémonies sacrées pour les esclaves, et les dominicains ont établi une confrérie de nègres. Ils ont leurs chapelles, leurs messes, leurs fêtes, et un enterrement assez décent ; pour tout cela, il n’en coûte annuellement que quatre réaux par nègre agrégé. Les nègres reconnaissent pour patrons saint Benoît de Palepne et la Vierge, peut-être à cause de ces mots de l’Écriture, nigra sum, sed formosa, jilia Jerusalem. Le jour de leur fête ils élisent deux rois, dont l’un représente le roi d’Espagne, l’autre celui de Portugal, et chaque roi se choisit une reine. Deux bandes, armées et bien vêtues, forment à la suite des rois une procession, laquelle marche avec croix, bannières et instruments. On chante, on danse, on figure des combats d’un parti à l’autre, et on récite des litanies. La fête dure depuis le matin jusqu’au soir ; et le spectacle en est assez agréable.
Les dehors de Buenos Aires sont bien cultivés. Les habitants de la ville y ont presque tous des maisons de campagne qu’ils nomment quintas et leurs environs fournissent