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de l’espérance revint aux joues de la fille du patron. Cette nuit-là, elle fit les plus beaux rêves.

Hans, dès le matin, se rendit chez le riche capitaine. Celui-ci le reçut comme il recevait tout le monde, poli, mais froid.

— Ah ! te voilà, Hans. Viens-tu prendre un engagement ?

— Non, Monsieur, je…

— Viens-tu acheter un panier de soles ?

— Non, mais je…

— Allons ! Qu’as-tu ? Pourquoi pâlis-tu ?

— C’est que, Monsieur, je viens vous demander… oh ! très respectueusement… la main de Netke… votre fille.

— Ah ! Mais cela est fort bien ! Aurais-tu fait un héritage, par hasard ? Tu sais que, pour épouser ma fille, il faut avoir deux barques à soi !

— Hélas ! Monsieur, je ne suis qu’un pauvre matelot !

— As-tu tes barques, oui ou non ?

— Non !

— En ce cas, mon garçon, tu n’auras pas ma fille !

— Monsieur, je vous prie !

— En voilà assez, travaille, épargne, que sais-je, moi ! Achète deux barques et tu auras Netke !

Hans restait là, les bras ballants, les yeux pleins de larmes.

— Eh bien, qu’attends-tu ?

Hans sortit. Deux barques ! Autant lui demander le Pérou !

Le soir, il revit Netke. C’était fini ! Plus d’espoir ! Plus de beaux rêves !

Une semaine s’écoula.