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d’impatienter un puiſſant Roi, & certainement à force de vouloir profiter de l’occaſion de vous dire la vérité on en a étrangement abuſé, mais qu’il me ſoit permis de repréſenter à votre Majeſté qu’elle a reſſenti un peu trop vivement, ce manque de tact & de meſure, car mes confreres n’étoient pas obligés au même ſavoir vivre que vos légers & gentils courtiſans. Faites les élargir, Sire ; votre bienfaiſance reſſemblera ſi fort à de la juſtice & votre juſtice à de la bienfaiſance que chacun pourra s’y méprendre & vous applaudir ou vous remercier ſelon qu’il voudra voir en vous ſoit le Roi juſte, ſoit le bon Roi. Perſonne, Sire, ne ſera plus reconnoiſſant que moi & quelques uns de mes confreres, car outre que nous ſerons délivrés d’un grand ennui, nous en aurons la tête plus libre pour nos fonctions de Juges, & non-ſeulement les mépriſes qui font condamner les innocens en ſeront plus rares, mais nous pourrons nous occuper des moyens d’obtenir des loix & des formes de juſtice qui les rendent preſque impoſſibles.

Ceux qui diſent que nous nous oppoſe-