Page:De Chazet - L'art de causer, épitre d'un père à son fils, 1812.djvu/11

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Poli dans la dispute, et clair dans vos récits,
Quand on prend des détours on peut se perdre en route ;
Écoutez quelquefois, afin qu’on vous écoute ;
Ce monde est un échange, et chacun, pour son bien,
Dans ce commerce heureux doit mettre un peu du sien.

N’imitez pas, sur-tout, ces jeunes gens futiles
Qui prodiguant l’ennui de leurs phrases stériles,
Et nous assourdissant d’un caquet importun,
Effleurent vingt sujets sans en traiter aucun ;
Ils n’ont, dans leurs propos, ni règle ni mesure ;
Au savant, algébriste ils parlent de peinture,
Au peintre, de procès, de danse, au général,
Au vieillard, de l’amour, à l’homme en deuil, d’un bal,
Aux procureurs, vertus, et raison aux poètes,
Fleurette au philosophe, et science aux coquettes ;
Évitez, croyez-moi, ce désordre insensé,
Et ne parlez jamais qu’après avoir pensé.(5)
Lorsque vous discutez, souffrez qu’on vous réponde :
Qui prétend briller seul, déplaît à tout le monde ;