Page:De Chazet - L'art de causer, épitre d'un père à son fils, 1812.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pourquoi faire un discours, quand il suffit d’un mot ?
Ce n’était pas ainsi que l’heureux Fontenelle,(2)
Des causeurs de bon goût rare et piquant modèle,
Par le charme attrayant de tous ses entretiens,
Déridait la sagesse, embellissait-des riens,
Disait tout sans trop dire, et toujours sûr de plaire,
Vieux, savait rajeunir sa gaîté séculaire.
Ce n’était pas ainsi que le malin Piron,(3)
Pour jamais de Procope illustrant la maison,
Contre l’Académie, et Voltaire, et le drame,
Croisait habilement le fer de l’épigramme,
Et trouvant sans effort plus d’un bon mot cité,
Improvisait gaîment son immortalité.(4)
Voilà, mon fils, voilà les maîtres qu’il faut suivre :
Mais c’est peu de l’esprit, il faut du savoir vivre.
Dans un cercle brillant, si vous êtes admis,
De tous les invités faites-vous des amis,
En préférant, par-fois, leurs lumières aux vôtres ;
C’est prouver son esprit que d’en trouver aux autres :
Lorsque vous répondrez, soyez bref et précis,