Page:De Chazet - L'art de causer, épitre d'un père à son fils, 1812.djvu/13

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Animaient, enflammaient les yeux des combattans !
Je regrette aujourd’hui ces entretiens charmans ;
On veut trop raisonner ; la politique austère,
Devient par-tout l’effroi de la gaîté légère ;
On disserte sans cesse, on bâille, on ne rit plus ;
Le goût pourtant visite encor quelques élus,
Parmi les plus fameux puis-je oublier Delille ?(6)
Il cède au doux penchant de son esprit facile,
Et nous dit un bon mot comme il fait un bon vers ;
Il fronde un ridicule, il se rit d’un travers,
Ou remontant pour nous le fleuve de la vie,
Fait oublier le temps, comme le temps l’oublie ;
Ses moindres entretiens valent de longs discours ;
Qui l’écoute un moment profite pour toujours ;
En badinant il pense, en riant il éclaire,
Et de l’art de causer il a fait l’art de plaire.
On nous dit que bientôt un poëme charmant,
De la grâce élégante éternel monument,
Contiendra de cet art l’aimable poétique.
De ce livre, mon fils, si votre esprit s’applique