Page:De Chazet - L'art de causer, épitre d'un père à son fils, 1812.djvu/8

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De rassembler, autour de son ardent foyer,
De bons, de vrais amis, qui, prompts à s’égayer,
Et d’un fatal ennui préservant nos demeures,
Par des contes joyeux hâtent le vol des heures !
Sur-tout, n’admettez pas au cercle accoutumé
Cet ennuyeux bavard, qui, de tout informé,
N’a pas, en répétant ses absurdes nouvelles,
bonheur des échos, qui du moins sont fidelles ;
Il cite à tout moment, et cite toujours mal ;
Son temple est un café, son oracle un journal :
Évitez avec soin ce conteur lourd et triste.

Plus loin de vous encor repoussez l’égoïste,
Qui de son intérêt fait sa suprême loi ;
De ses phrases, toujours le premier mot est moi.
À peine est-il entré, que Monsieur, pour la forme,
De toutes les santés très-vaguement s’informe :
Moi, dit-il, Dieu merci, je me porte fort bien,
C’est qu’aussi moi, je prends un excellent moyen,
C’est de vivre pour moi, je n’ai ni fils, ni femme,