Page:De Chazet - L'art de causer, épitre d'un père à son fils, 1812.djvu/9

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Et ne tenant à rien, rien ne trouble mon ame.
Je hais ce sot esprit de lui seul amoureux.

S’il me fallait choisir, j’aimerais encor mieux
Ce grossier campagnard, Lansberg(1) de sa commune,
Qui ne parle jamais que du cours de la lune :
Il prédit hardiment que les bleds viendront tard ;
Pour les biens de la terre il craint la Saint-Médard ;
Il annonce l’orage, et voit, à certains signes,
Que le vent, cette nuit, fera geler les vignes ;
L’almanach, tout entier n’en saurait pas autant.

Défiez-vous aussi du rhéteur assommant,
Qui, ne parlant jamais qu’analyse et synthèse,
Dans un cercle d’amis, prétend soutenir thèse,
Disserte gravement sur le nouveau ballet,
Nous cite Mallebranche à propos d’un sonnet,
Et prend, fier de pousser un argument frivole,
Le fauteuil d’un salon pour le banc d’une école.
Qui veut toujours prouver, prouve qu’il est un sot :