Page:De Claustre - Dictionnaire portatif de mythologie - Tome 1.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
ACH ACH

dans le temple d’Apollon, Paris s’étoit caché derrière l’autel, d’où, pour venger la mort d’Hector ſon frère, il tira une fléche, qui bleſſa Achille à celui des deux talons qui n’avoit point été trempé dans le Styx, & dans l’endroit qui fut depuis nommé le tendon d’Achille ; & il mourut de cette bleſſure.

D’autres ont dit que c’étoit Apollon lui-même qui, à la prière de Neptune, s’étoit déguiſé, & avoit fait le coup.

D’autres enfin, comme Ovide, diſent que, dans un combat qui ſe donnoit un jour devant les murs de Troye, Achille faiſoit un horrible carnage des Troyens, tandis que Paris, qui combattoit de ſon côté, ne dirigeoit ſes coups que contre des gens obſcurs & ſans nom. Apollon tourna l’arc de Paris du côté d’Achille, & conduiſit ſi bien la fléche, que le Héros en fut mortellement bleſſé.

Les Grecs faiſoient un tel cas d’Achille, qu’après ſa mort, il s’éleva une querelle parmi eux, pour ſçavoir qui ſeroit le ſucceſſeur de ſes armes ; & l’on fut prêt de ſe battre, pour les avoir. Il fut enfin jugé qu’Ajax, fils de Telamon, (voyez Ajax) & Ulysse pouvoient ſeuls ſe les diſputer. Ils plaidèrent leur cauſe devant les Grecs aſſemblés ; & les armes furent adjugées à Ulyſſe.

Les Grecs firent à Achille de magnifiques funérailles, ſur le Promontoire de Sigée, où il fut inhumé. Thétis, accompagnée des Déeſſes marines, vint rendre à ſon fils les devoirs funèbres : les Muſes s’y trouvèrent auſſi, & célébrèrent ſa mémoire par des chants lugubres.

Le nom de ce Héros devint l’expreſſion de la bravoure & de la force, tant pour les exploits militaires, que pour ceux de Venus. Pour les premiers, Homère & pluſieurs autres Poëtes les ont chantés ; & il ſeroit trop long d’en rapporter les circonſtances. Quant aux autres, il devint père de très-bonne heure avec Déïdamie. Peu de temps après, ſelon quelques Auteurs, il eut le même avantage ſur Iphigénie, avant qu’elle fût ſacrifiée ; circonſtance dont le grand Racine a ſi bien profité, en faiſant, de l’amour de ce Héros pour la Princeſſe, le nœud de ſon Iphigénie. Arrivé devant Troye, il devint amoureux d’Hélène, qu’il vit un jour ſur les murs de la Ville : il eut recours à ſa mère, pour qu’elle trouvât un moyen pour le faire jouir des bonnes graces de cette femme ; Thétis le ſatisfit, en mettant à ſa diſpoſition un phantôme de la belle Hélène. Briſéïs fut enſuite l’objet de ſes amours, & enfin Polixène, dont il avoit voulu faire ſa femme. La mort n’éteignit point l’amour qu’il avoit conçu pour