Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/107

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» Le jour du mardi gras, il y avait fête en la forêt et aux champs. Tous jusqu’aux fourmis, s’étaient mis en branle, et chacun, revêtu de chiffons pittoresques, faisait mille folies. Seuls les hiboux et les taupes montraient de la mauvaise humeur. Ah ! s’entredisaient-ils, peut-on s’affubler d’aussi absurdes oripeaux ? Quel esprit y a-t-il là ?

» Madame, quand vous viendrez chez nous, dites donc à ces sombres personnages qu’il y a plus d’esprit et de courage à rire qu’à pleurer et que si la tristesse vient du diable, la gaieté vient de Dieu.

» Quant à nous, nous vous supplions humblement de vouloir bien détruire tout ce qui rampe et tout ce qui bave, vers de terre, limaces et serpents.

» Songez aux insectes qui font des provisions bien au delà de leurs besoins, laissent les autres mourir de faim, et, la bedaine remplie, prêchent aux maigres niais l’abstinence.

» N’oubliez pas, madame, les saltimbanques de toutes les espèces. N’en exceptez que ceux de la foire.

» N’épargnez, nous vous en prions, ni les aigles, ni les vautours, ni les éperviers.

» Ne faites grâce ni au lion, fût-il apprivoisé, ni à l’hyène qui vit des morts, ni aux fouines, ni aux renards, ni à la panthère, ni au chacal, ni à rien de ce qui est de race féline. Mais laissez-nous les chiens fidèles, les bœufs pa-