Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de tourbe fumaient dans l’âtre, un chardonneret gazouillait au-dessus du manteau de la cheminée, un vieux perroquet imitait le cri du corbeau et frottait avec bruit son bec aux barreaux de sa cage posée sur une table. Braf couché aux pieds d’Anna ronflait comme un tonnerre. Soudain il se dressa, gronda et s’élança vers la porte : quelqu’un frappait, Hermann cria : Entrez ! le bel Isaac se montra à la porte. Il parut d’abord effrayé de voir là l’énorme chien, mais Hermann appela Braf près de lui, Isaac alors s’avança dans la salle : il fut ravi en voyant Anna, lui fit un salut gracieux et un compliment bien tourné, Anna toute rougissante répondit par un signe de tête au salut et au compliment ; puis Isaac se tournant vers Hermann expliqua le but de sa visite et remercia chaudement son sauveur.

— C’est à Braf, dit Hermann, que revient l’honneur de ce sauvetage. — Mon hôte me l’a dit, repartit Isaac en avançant la main pour caresser Braf. Mais Braf ne parut point sensible à cette attention et se retourna pour mordre Isaac. Cela lui valut un coup de pied d’Hermann. Il parut étonné de le recevoir, alla s’étendre dans les cendres, coucha la tête sur les deux pattes de devant, ne cessa de regarder Isaac d’un regard menaçant et gronda chaque fois que celui-ci ouvrit la bouche.