Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/207

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Quinze mois avaient passé depuis que Ser Huygs avait mis le pied sur la terre brabançonne. Roosje gagnait chaque jour en beauté, mais elle était bien souvent rêveuse et pensive, comme toute fille à qui parlent à la fois désir, amour, feu de jeunesse et souffrance de virginité. Plusieurs riches et plusieurs nobles se prirent d’amour pour elle et la voulurent les uns abuser et les autres demander en mariage.

Les abuseurs, elle les envoya si loin chevaucher eux et leur paillardise qu’ils n’osèrent depuis se montrer à elle ni passer seulement devant son logis. Quant aux soupirants de mariage, elle les refusa tous nettement quoiqu’il se trouvât parmi eux des échevins, l’amman lui-même et plusieurs avocats fiscaux, tous gens de bonne façon et de bonnes mœurs.