Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Sauvez-nous de ce malheur, Monseigneur Jésus, éloignez de nous ce fléau.

Entretemps, Claes le Tousseux était allé décrocher en la petite salle où était sa couchette, une bonne arbalète, tenue bien propre et bien luisante, en souvenir du temps où Claes, qui se nommait alors la Mort aux oiseaux, était dizenier dans la belle gilde des arbalétriers… L’arc d’acier étant bandé et l’arbalète bien armée de sa flèche, Claes toussant, mais d’impatience de servir son maître, se tenait debout derrière la porte.

Mahom souriant de l’indécision de Ser Huygs et des bonnes paroles de Roosje, avait répondu :

— Allah, Dieu seul est grand. Christ, larron pendu en croix. Sang pour sang, blessure pour blessure, Mahom vainqueur, femme pour femme.

Et il tira alors d’un fourreau couvert de pierreries, un de ces vilains couteaux tortus qu’en leur jargon les Maures appellent yatagan.

— Blessure pour blessure, disait Ser Huygs contrefaisant sa difficile manière de parler un langage étranger, moricaud pour moricaud, si tu n’as qu’une chanson, tu ferais bien pour notre plaisir, d’en varier un peu l’air. Il faut toutefois que je te le dise, mon doux ami, si je l’ai pris ta femme, c’est qu’il plaisait davantage à la pauvrette de