Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/113

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Quant aux Romains voici en quels termes Sénèque signale les qualités linguistiques d’un certain consul :

« Et quoi ! lorsque tu haussas au consulat Mamercus Scaurus, ignorais-tu qu’il humait de sa bouche béante le flux menstruel de ses servantes ? Est-ce que lui-même en faisait mystère ? Prétendait-il à passer pour un homme pur ? »

Il nous cite encore un certain Natalis :

« En ces derniers temps Natalis faisait de sa langue un usage aussi sale que déshonnête, car il recevait dans sa bouche les déjections de ses femmes. »

Ces deux personnages furent d’ailleurs surnommés des buveurs de menstrues.

Pour exprimer cette opération on employait un langage plus ou moins imagé : on disait entre autres : « aller en Phénicie » ou dans la mer rouge ou dans la mer salée. La couleur pourpre, en effet, venait de Phénicie ; expression correspondante à celles d’aujourd’hui : aller aux anglais, les repousser, aller aux affaires…

On disait aussi que les phénicianisants aimaient beaucoup la posture canine pour sucer, c’est-à-dire une posture de chiens, car dans la race animale, les chiens sont de réputés suceurs.

Dans les âges suivants, la passion du cunnilingue ne disparut jamais entièrement. Le poète Ausone dans ses Épigrammes cite fréquemment deux cunnilingues presque célèbres Castor et Eunus, « Castor, dit-il, voulait sucer des membres virils, mais il ne pouvait avoir de clients chez lui. Et pourtant ce suceur a trouvé le moyen de se procurer des engins ; il s’est mis à lécher le membre de sa femme. »

Et quand il fulmine : Contre Eunus le lécheur, il s’écrie :

« Eunus, pourquoi tourmenter ainsi Phyllis, la mar-