Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/120

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les convives. Aristophane ne voulait pas boire à leur coupe. En un mot, il valait mieux passer à cette époque, pour un baiseur, pour un gros bandeur que laisser, comme un cunnilingue, pressentir la fatigue des reins et l’exiguité d’un nerf piteusement pendant. Martial les tourne fort souvent en dérision : « Tu lèches, dit-il à l’un d’eux tu ne baises pas ma maîtresse et tu jacasses, comme si tu étais un adultère, un baiseur. »

En outre les cunnilingues aussi bien que les suceurs avaient soin de combattre la saleté de leur bouche par l’odeur des parfums ; c’est dans Martial que nous trouvons la preuve :

« Parce que tu sens toujours la cannelle et le cinname, le parfum du nid de l’oiseau sans pareil et celui du vase de plomb où Nicerotus renferme ses arômes, tu ris de nous, Coracinus, qui n’avons pas de parfums ; j’aime mieux ne rien sentir que sentir bon. » Et Coracinus était bien un lécheur, la suite le prouve clairement :

« Je n’ai pas dit, Caracinus, que tu étais un cinède ; je n’ai pas cette audace ni cette témérité. Ce que j’ai dit est un rien, un souffle ; nous le savons tous, et toi-même ne le nieras pas. J’ai dit Coracinus, que tu étais un cunnilingue. »

Cette passion passait pour être très épuisante ; aussi lécheurs, suceurs et même sucés et léchés portaient sur leur visage une pâleur significative que Catulle n’a pas manqué de noter :

« Comment dire, Gellius, pourquoi tes lèvres rosées deviennent plus blanches que la neige, le matin lorsque tu sors de chez toi et que, dans les longs jours, la huitième heure t’arrache aux douceurs du repos ? J’en ignore la véritable cause ; mais est-ce à juste titre que le bruit court que