Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/83

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encore autour de toi. Tu fais boucher la plus petite fente que tu soupçonnes, les moindres trous d’aiguille. Il n’est personne d’une pudeur aussi délicate ni aussi inquiète, Cantharus, soit qu’il pédique ou qu’il chevauche. »

Non pourtant que les anciens Romains eussent honte d’irrumer ; et cela ressort du sens outrageant que Catulle a donné à ce mot ; mais l’infamie s’adressait au suceur. Il y a en effet quelque audace à jouer un rôle actif, aucune à être le patient, surtout à imposer un si sale ministère à la bouche, l’organe le plus noble du corps humain. Ajoutez que les fellateurs ou suceurs faisaient tout leur possible pour détruire l’odeur fétide que la bouche contractait en suçant, redoutant de mettre en fuite les convives ou ceux qui les embrassaient. Les fellateurs étaient en effet tellement méprisés des convives que ceux-ci évitaient de leur présenter des coupes, et si par mégardes ils les leur avaient présentées, ils les brisaient. Ce n’était d’ailleurs que malgré soi qu’on les embrassait, s’ils allaient au devant du baiser. De là vint qu’on aima mieux être pris pour un cinède que pour un suceur : tel le Phébus de Martial, III, 73 :

« Tu dors avec de jeunes garçons bien membrés, Phébus, et ce qui redresse chez eux est flasque chez toi. Que veux-tu, Phébus, dis le moi, que veux-tu que je soupçonne ? Je voulais me persuader que tu es un patient, mais le bruit court que tu n’es pas cinède. »

« Ton petit chien, Manneia, te lèche le visage et les lèvres ; rien d’étonnant, le chien fait ses délices des excréments. »

Tel encore Callistrate :

« Comme si tu parlais à cœur ouvert, Callistrate, tu prends l’habitude de me dire qu’on t’a souvent perforé.