Page:De Figuris veneris ou les Multiples visages de l’amour (éd. Chat qui pelotte).djvu/84

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Tu n’es pas, Callistrade, aussi franc que tu veux le paraître ; car quiconque conte de telles choses se tait sur bien d’autres. »

Pour cette même raison, Charidème ne voulant pas être pris pour un patient, étale ses jambes velues et sa poitrine hérissée de poils ; mais le poète lui conseille de faire son possible pour paraître plutôt être patient que suceur ;

« Parce que tu as les jambes velues et la poitrine hérissée de poils, tu crois, Charidémus, donner le change à l’opinion. Crois-moi, arrache cette toison de tout ton corps et prouve par témoins que tu épiles tes fesses. — Le motif ? dis-tu. — Tu sais que beaucoup de gens sont bavards. Fais en sorte, Charidémus, qu’on te prenne pour un enculé. »

Naturellement on payait les suceurs et fort cher parfois ;

« Délateur, calomniateur, fripon, entremetteur, suceur et maître d’escrime ; je m’étonne, Vacerra, que tu n’aies pas le sou », s’écrie Martial.

Puisque nous parlons du suçage nous ne pouvons passer sous silence le corbeau que le même poète, prétend être suceur :

« Corbeau adulateur, pourquoi passes-tu pour suceur ? Il n’est pourtant jamais entré une queue dans ton bec. »

C’est que, dans l’opinion du vulgaire, le corbeau, disait-on, coïtait avec la bouche ; Pline, du moins le relate :

« Le vulgaire croit qu’ils coïtent et qu’ils enfantent par la bouche. Aristote le nie, disant que le baiser, tel qu’on les voit se le donner, est celui que se donnent les colombes. »

Erasme, dans ses Adages, au mot Lesbiari, prétend qu’à son époque l’irrumation n’existait plus :