lence, car sans ajouter foi à ses paroles, ils avaient néanmoins laissé dans leur âme un fonds de tristesse.
Mais ce léger nuage fut bientôt dissipé, à leur arrivée au manoir où ils trouvèrent une société nombreuse.
De joyeux éclats de rire se faisaient entendre du chemin même, et l’écho du cap répétait le refrain :
Ramenez vos moutons, bergère,
Belle bergère, vos moutons.
Les danseurs avaient rompu un des chaînons de cette danse ronde, et parcouraient en tous sens la vaste cour du manoir à la file les uns des autres. On entoura la voiture du chevalier, la chaîne se renoua, et l’on fit quelques tours de danse en criant à mademoiselle d’Haberville : — Descendez, belle bergère.
Blanche sauta légèrement de voiture ; le chef de la danse s’en empara, et se mit à chanter :
C’est la plus belle de céans, (bis)
Par la main je vous la prends, (bis)
Je vous la passe par derrière,
Ramenez vos moutons, bergère :
Ramenez, ramenez, ramenez donc,
Vos moutons, vos moutons, ma bergère.
Ramenez, ramenez, ramenez donc,
Belle bergère, vos moutons.
On fit encore plusieurs rondes autour de la voiture du chevalier en chantant :
Ramenez, ramenez, ramenez donc,
Belle bergère, vos moutons.
On rompit encore la chaîne ; et toute la bande joyeuse enfila dans le manoir en dansant et chantant le joyeux refrain.
Mon oncle Raoul, délivré à la fin de ces danseurs impitoyables, descendit comme il put de voiture pour rejoindre la société à la table du réveillon.