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LES ANCIENS CANADIENS.

Les Anglais, après la capitulation, ne négligèrent rien de ce qui pouvait assurer la conquête d’une place aussi importante que la capitale de la Nouvelle-France. Les murs furent relevés, de nouvelles fortifications ajoutées aux premières ; et le tout armé d’une artillerie formidable. Ils pouvaient devenir assiégés, d’assiégeants qu’ils étaient l’année précédente. Leurs prévisions étaient justes, car le général de Lévis reprenait, le printemps suivant, l’offensive avec une armée de 8,000 hommes, tant de troupes régulières que de miliciens canadiens.

Cependant l’armée anglaise, fière de la victoire qu’elle avait remportée sept mois auparavant, était encore rangée en bataille, dès huit heures du matin, le 28 Avril 1760, sur les mêmes plaines où elle avait combattu avec tant de succès. Le général Murray, qui commandait cette armée forte de 6,000 hommes, et soutenue par vingt-deux bouches à feu, occupait les positions les plus avantageuses, lorsque l’armée française, un peu plus nombreuse, mais n’ayant que deux pièces d’artillerie, couronna les hauteurs de Sainte-Foye. Les Français, quoique fatigués par une marche pénible par des chemins impraticables à travers les marais de la Suède (b), brûlaient du désir de venger leur défaite de l’année précédente. La soif du sang était bien ardente dans les poitrines d’ennemis, qui attisaient depuis tant d’années les haines séculaires, qu’ils avaient transportées de la vieille Europe sur le nouveau continent. La bravoure était égale des deux côtés, et 15,000 hommes des meilleures troupes du monde n’attendaient que l’ordre de leurs chefs pour ensanglanter de nouveau les mêmes plaines qui avaient déjà bu le sang de tant de valeureux soldats.