visages même des morts et des blessés étendus çà et là sur un lit de glace : il fallait de pénibles efforts pour les dégager. Le chevalier de Lévis fit prendre le plus grand soin des blessés des deux nations, dont le plus grand nombre fut transporté au couvent des Dames Hospitalières de l’Hôpital-Général. L’hospice et ses dépendances furent encombrés de malades. Tout le linge de la maison fut déchiré pour les pansements ; il ne resta aux bonnes religieuses que les habits qu’elles portaient sur elles le jour de la bataille (c). Toujours altérées de charité chrétienne, elles eurent une rare occasion de se livrer aux pénibles devoirs que cette charité impose à celles qui, en prononçant leurs vœux, en ont fait un culte et une profession.
Le général Murray, rentré, après sa défaite, dans la cité de Québec qu’il avait fortifiée d’une manière formidable, opposait une vigoureuse résistance au chevalier de Lévis, lequel n’avait d’autre matériel de siège que vingt bouches à feu pour armer ses batteries : c’était plutôt un blocus qu’un siège régulier que les Français prolongeaient, en attendant des secours qu’ils ne reçurent jamais de la mère patrie.
Le chevalier de Lévis, qui avait à cœur de montrer les soins qu’il donnait aux blessés ennemis, s’était prêté de la meilleure grâce du monde à la demande du général anglais d’envoyer trois fois par semaine un de ses officiers visiter les malades de sa nation transportés à l’Hôpital-Général. De Locheill savait que son ami devait être dans cet hospice avec les officiers des deux nations ; mais il n’en avait reçu aucune nouvelle. Quoique dévoré d’inquiétude, il s’était abstenu de s’en informer pour ne point donner prise à la malveillance, dans la fausse position où ses