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LES ANCIENS CANADIENS.

opérer une réconciliation avec son ami, eut peine à réprimer un mouvement de joie, et répondit cependant d’un ton d’indifférence :

— Merci, monsieur, de votre courtoisie envers moi et cette bonne dame. Vos batteries, protégées sur la valeur française, ajouta-t-il en souriant, sont en parfaite sûreté, lors même que nous aurions de mauvais desseins.

Les passages de l’hospice qu’il fallait franchir, avant de pénétrer dans le parloir de la supérieure, était littéralement encombrés de blessés. Mais Arché, n’y voyant aucun de ses compatriotes, se hâta de passer outre. Après avoir sonné, il se promena de long en large, dans ce même parloir où la bonne supérieure, tante de Jules, leur faisait jadis servir la collation, dans les fréquentes visites qu’il faisait au couvent, avec son ami, pendant son long séjour au collège des Jésuites, à Québec.

La supérieure l’accueillit avec une politesse froide, et lui dit :

— Bien fâchée de vous avoir fait attendre ; prenez, s’il vous plaît, un siège, monsieur.

— Je crains, dit Arché, que madame la supérieure ne me reconnaisse pas.

— Mille pardons, répliqua la supérieure : vous êtes monsieur Archibald Cameron of Locheill.

— Vous m’appeliez autrefois Arché, fit le jeune homme.

— Les temps sont bien changés, monsieur de Locheill, répliqua la religieuse ; et il s’est passé bien des événements depuis.

De Locheill fit écho à ces paroles, et répéta en soupirant :