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LES ANCIENS CANADIENS.

couplet de jules.

Sans un peu de jalousie
L’amour s’endort ; (bis)
Un peu de cette folie
Le rend plus fort : (bis)
Bacchus et l’amour font ici
Charivari ! charivari ! charivari !

À la fin de chaque couplet, chacun frappait sur la table, sur les assiettes, avec les mains, les couteaux, les fourchettes, de manière à faire le plus de vacarme possible.

Blanche, priée de chanter « Blaise et Babet, » sa chanson favorite, voulut d’abord s’excuser, et en proposer une autre, mais les demoiselles insistèrent en criant : « Blaise et Babet ! » la mineure est si belle !

— J’avoue, dit Jules, que c’en est une mineure, celle-là, avec son « et que ma vie est mon amour, pour moi ma vie est mon amour » qui doit tenir une place bien touchante dans le cœur féminin, d’ailleurs si constant ! Vite à la belle mineure, pour réjouir le cœur de ces charmantes demoiselles !

— Tu nous le paieras au Colin-Maillard, dit l’une.

— À la gage-touchée, dit l’autre.

— Tiens-toi bien ! mon fils, ajouta Jules, car tu n’as pas plus de chance contre ces bonnes demoiselles qu’un chat, dans l’enfer, sans griffes. N’importe ; chante toujours, ma chère sœur ; ta voix, comme celle d’Orphée, calmera peut-être le courroux de mes ennemies : elle était en effet bien puissante, à ce que l’on prétend, la voix de ce virtuose, dans sa visite aux régions infernales.

– Quelle horreur ! s’écrièrent les demoiselles, nous comparer… C’est bon ; c’est bon ; tu paieras le