Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
332
LES ANCIENS CANADIENS.

CHAPITRE DIX-HUITIÈME.

Séparateur


Ainsi passe sur la terre tout ce qui fut bon, vertueux, sensible ! Homme, tu n’es qu’un songe rapide, un rêve douloureux ; tu n’existes que par le malheur ; tu n’es quelque chose que par la tristesse de ton âme et l’éternelle mélancolie de ta pensée !
Chateaubriand.


conclusion.


Après le départ des convives, on vécut dans la douce intimité de famille d’autrefois. Jules, que l’air vivifiant de la patrie avait retrempé, passait une grande partie de la journée à chasser avec de Locheill : l’abondance du gibier dans cette saison en faisait un passe-temps très agréable. On soupait à sept heures, on se couchait à dix ; et les soirées paraissaient toujours trop courtes, même sans le secours des cartes (a).

Jules, ignorant ce qui s’était passé entre sa sœur et de Locheill sur les rives du Port-Joli, ne laissait pas d’être frappé des accès de tristesse de son ami, sans néanmoins en pénétrer la cause. À toutes ses questions sur le sujet, il ne recevait qu’une réponse évasive. Comme il pensa à la fin en avoir deviné la cause, il crut, un soir qu’ils veillaient seuls ensemble, devoir aborder franchement la question.