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NOTES DU CHAPITRE SIXIÈME.

jours, attendaient juges, avocats et greffiers. Nous n’étions que quatre avocats récemment admis au barreau, MM. Vallière, LeBlond, Plamondon et moi ; et nous fîmes honneur à toute cette besogne, aux dépens, je crains bien, de nos pauvres clients. Comme j’étais le seul d’entre nous qui fut connu dans les paroisses d’en bas, et que j’eusse le choix de presque toutes les causes, j’ai souvent pensé depuis à la place que le charitable Desrosiers avait assignée à messieurs les membres du barreau, partis de Québec pour assister à la seule cour de tournées qui se tenait alors une fois par année, seulement, dans la paroisse de Kamouraska ; et comprenant un immense arrondissement.


CHAPITRE SEPTIÈME.


(a) Malheur au Seigneur qui acceptait d’être le parrain d’un seul des enfants de ses censitaires : il lui fallait ensuite continuer à se charger de ce fardeau, pour ne point faire de jaloux. L’auteur se trouvait, le premier jour de l’an, chez un Seigneur qui reçut, après l’office du matin, la visite d’une centaine de ses filleuls.

Le parrain fournissait toute la boisson qui se buvait au festin du compérage, ainsi que celle que buvait la mère de l’enfant nouveau-né, pendant sa maladie, le vin et l’eau-de-vie étant considérés comme un remède infaillible pour les femmes en couche.

(b) Ces droits seigneuriaux, si solides, ont croulé dernièrement sous la pression influente d’une multitude de censitaires contre leurs Seigneurs, et aux cris de : fiat justitia ! ruat cœlum ! Pauvre ciel ! il y a longtemps qu’il se serait écroulé au cri de fiat justitia, s’il n’eût été plus solide que les institutions humaines.

(c) Croquecignoles : beignets à plusieurs branches essentiellement canadiens. La cuisinière passe les doigts entre les branches, pour les isoler, avant de les jeter dans le saindoux bouillant.

(d) Cet usage était universellement répandu parmi les habitants riches, ou qui aspiraient à le paraître ; ainsi que parmi les riches bourgeois des villes. La première classe de la société encombrait aussi ses tables dans les grandes occasions, mais non à cet excès.

(e) Les anciens habitants dépensaient un sou avec plus de répugnance que leurs descendants un louis, de nos jours. Alors riches pour la plupart, ils ignoraient néanmoins le luxe : le produit de leurs terres suffisait à tous leurs besoins. Un riche habitant, s’exécutant pour l’occasion, achetait à sa fille en la mariant, une robe d’indienne, des bas de coton et des souliers, chez les boutiquiers : laquelle toilette passait souvent aux petits enfants de la mariée.