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LES ANCIENS CANADIENS


malaisé à un septuagénaire d’en changer comme il ferait de sa vieille redingote pour un paletot à la mode de nos jours.

J’entends bien avoir, aussi, mes coudées franches, et ne m’assujétir à aucunes règles prescrites, — que je connais d’ailleurs, — dans un ouvrage comme celui que je publie. Que les puristes, les littérateurs émérites, choqués, de ses défauts, l’appellent roman, mémoire, chronique, salmigondis, pot-pourri, peu m’importe !…

Mon bout de préface achevé, je commence sérieusement ce chapitre par cette belle épigraphe inédite, et bien surprise, sans doute, de se trouver en si mauvaise compagnie :


Perché comme un aiglon sur le haut promontoire,
Baignant ses pieds de roc dans le fleuve géant,
Québec voit ondoyer, symbole de sa gloire,
L’éclatante splendeur de son vieux drapeau blanc.

Et près du château fort la jeune cathédrale,
Fait monter vers le ciel son clocher radieux,
Et l’Angelus du soir, porté par la rafale,
Aux échos de Beaupré, jette ses sons joyeux.

Pensif dans son canot, que la vague balance,
L’Iroquois, sur Québec, lance un regard de feu,
Toujours rêveur et sombre, il contemple en silence,
L’étendard de la France et la croix du vrai Dieu.

* * *


Que ceux qui connaissent notre bonne cité de Québec se transportent, en corps ou en esprit, sur le marché de la Haute-Ville, ne serait-ce que pour juger des changements survenus dans cette localité depuis l’an de grâce 1757, époque à laquelle commence cette