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LE DOCTEUR PIERRE DE SALES LATERRIÈRE


J’éprouve un sentiment pénible en écrivant cette notice sur un de mes amis dont la mort, en brisant les liens qui nous unissaient depuis l’enfance, m’a le plus affligé. Il est rare que deux enfants qui ont les mêmes goûts, les mêmes penchants les mêmes passions, ne se sentent pas entraînés l’un vers l’autre ; aussi, dès que j’eus fait la connaissance de Pierre de Sales Laterrière, nous devînmes amis inséparables. Gamin redoutable comme moi, pendant son enfance, son père, ainsi que le mien, se vit obligé de le mettre pensionnaire au séminaire de Québec, pour mettre fin à une carrière très honorable sans doute, mais promettant peu pour l’avenir de l’Esculape en herbe, qui devait hériter de la nombreuse clientèle de son papa.

Si nous n’avons pas fait brûler le séminaire, c’est que la Providence veillait sur cette maison qui a rendu des services si éminents à la jeunesse canadienne. L’usage de la pipe était sévèrement interdit aux élèves ; raison de plus pour nous en donner la fantaisie. Un immense approvisionnement de bois de chauffage couvrait alors le terrain sur lequel est situé le jeu de paume actuel ; il ne s’agissait que d’y pratiquer une chambre au beau milieu pour être à l’abri des recherches les plus minutieuses. Comme nous étions surveillés de bien près, le travail fut long ; mais à force de persévérance, un comité de la pipe fut enfin organisé.