Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
MÉMOIRES.

qui reçussent cette cruelle punition. La plupart, disaient-ils, deviennent presque insensibles à la douleur à la suite de fréquentes flagellations. Leur chair s’endurcit si bien que le martinet ne frappe que sur une peau sèche comme du parchemin collé sur les os. Ils ajoutaient aussi que les juges des cours martiales évitaient autant que possible d’infliger la punition du fouet à ceux qui n’avaient jamais reçu ce châtiment, parce que, après l’avoir subi une seule fois, ils devenaient ensuite des sujets incorrigibles.

Il me semble qu’après un tel aveu de la part des officiers anglais, il fallait être aveugle pour ne pas effacer du code militaire cette punition dégradante. On s’est souvent étonné que le soldat anglais, soumis à un semblable code, fasse preuve de tant de bravoure et de persévérance sur les champs de bataille ; la raison en est toute simple : c’est qu’un bien petit nombre d’entre eux ont été dégradés par le fouet.

Ce fut à cette époque que le Duc de Clarence, plus tard le Roi Guillaume IV, visita les possessions britanniques de l’Amérique du Nord.[1] Il fut reçu à Québec avec la pompe et l’étiquette dues au fils de notre souverain. Une seule anecdote de cette visite est tout ce que je crois devoir relater. Que ceux qui désirent être plus amplement édifiés sur son voyage aux possessions britanniques de l’Amérique du Nord, consultent la

  1. Le Prince William Henry débarqua à Québec, le 14 Août, 1787, en qualité de capitaine de frégate, mais il fut reçu avec tous les honneurs attachés au titre de prince. À midi, toutes les milices étaient sous les armes ; les canons des remparts tirèrent 84 coups en quatre décharges, et le soir toute la ville fut illuminée.