Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/330

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— Vous parlez, monsieur, dit le chevalier, un langage corrompu, l’allemand de la Basse-Saxe ; et, sur mon honneur, on ne vous comprendrait pas à la cour de Berlin.

— Je le crois, dit humblement le major, la Basse-Saxe est la seule partie de l’Allemagne où j’aie fait quelques études de cette belle langue.

Lorsque le chevalier Destimauville sut que c’était une mystification, il en aimait peu la plaisanterie. Je passe sous silence les nombreux Allemands victimes de cette imitation burlesque de leur langue.

De tous ceux que feu M. Andrew Stuart avait invités à dîner à son cottage à la Jeune Lorette, il y a quarante-six ans, deux seulement, notre respectable concitoyen M. Barthélemy Faribault et l’auteur de ces mémoires, tout en pensant aux délices de cette charmante réunion composée d’hommes si gais et si spirituels, penchent la tête avec tristesse en songeant qu’ils sont aujourd’hui les seuls que la mort ait épargnés. Treize convives prirent, alors, leur place à la table hospitalière de notre éminent ami, savoir : Messieurs Nelson, Planté, LaForce, Vallière, John Ross, Juchereau Duchesnay, Plamondon, Moquin, LeBlond, Faribault, deux grands chefs de la tribu des Hurons et moi. M. Stuart étant chef honoraire de cette tribu, distinction qu’elle n’accordait qu’à ceux qui lui avaient rendu de grands services, avait invité ces deux Indiens, les seuls sauvages pur sang du village de Lorette.

Ils avaient revêtu pour l’occasion leur magnifique costume indien : capot court du plus beau drap bleu, dont les manches étaient ornées de bandes d’argent