Page:De Gaspé - Mémoires. 1866.djvu/362

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Puisque j’ai abordé ce sujet je vais parler de mon excursion sur le lac Champlain, ne serait-ce que pour donner une idée des mœurs américaines de l’époque. Partis à neuf heures du matin de Montréal, nous eûmes le bonheur d’aller le même soir coucher à Saint-Jean. J’ai oublié à quelle heure le lendemain nous mîmes le pied sur le Phœnix, vapeur commandé par le capitaine Sherman, dont nous appréciâmes la politesse et les attentions. Il y avait plusieurs Américains à bord qui nous parurent aussi bien élevés que les gentlemen de la première société au Canada. Les domestiques disposèrent quelques tables à cartes dans le salon, après le thé, le soir, et deux messieurs américains s’adressant, avec beaucoup de courtoisie à mon compagnon de voyage et à moi, nous proposèrent de joindre une des tables de whist. Mon ami Christie s’excusa en disant qu’il ne jouait jamais aux cartes. Quant à moi, je leur dis que je n’aimais le whist que pour le jeu lui-même, et que s’ils étaient dans l’habitude de jouer gros jeu, je craindrais de les gêner.

— Vous fixerez vous-même l’enjeu, me dirent-ils, et nous nous y conformerons.

— Mais, messieurs, leur dis-je, je ne joue ordinairement qu’un york shilling (quinze sols) le point.

Nous passâmes une agréable soirée avec nos nouveaux amis. Un d’eux, jeune homme employé dans je ne sais quel bureau, sachant que nous allions à New-York, se mit à notre disposition, dans le cas où il nous prendrait la fantaisie de visiter le City Hall ; en effet, le lendemain de notre arrivée dans la ville impériale, il nous fit visiter en détail, non seulement ce bel édifice mais