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avoir amené la mort du Roi, avoir présidé à la ruine du Ier Empire, de la Restauration, du Roi Louis-Philippe, enterré le Second Empire, toujours en regrettant, toujours en déplorant, toujours en se frappant la poitrine, ils ont fortement insisté pour être écoutés dans les conseils de l’Église et ils voulaient qu’on les laissât introduire leurs drogues dans le Saint-Ciboire. Assurément, l’Église ne saurait périr ; mais Dieu s’est épargné, à coup sûr, la peine d’une série de miracles bien laborieux, le jour où il a inspiré à ses pontifes une sainte horreur pour le concours des catholiques-libéraux. Sa toute-puissance n’eût pas été de trop pour paralyser le mal que ces messieurs n’eussent pas manqué d’ajouter aux difficultés existantes.

En ce moment, ils sont un peu troublés et ne savent plus que faire. Une fois de plus ils ont mené les choses à la crête de la ruine et ne tiennent rien. Cependant ils ne périront pas. Ils sont ce qu’on appelle des modérés, ce qui procure constamment moyen de s’insinuer dans le pouvoir ou à côté, dans la sape. Ce qui leur est absolument hors d’atteinte, c’est une solution. Ils savent fort bien ouvrir et agrandir les plaies ; quant à les fermer ce n’est pas leur affaire.


CHAPITRE XXIV.

On pourrait compter en ce moment en France un certain nombre de militaires se consultant, regardant autour d’eux, essayant de se rendre compte de ce qu’ils peuvent tenter et de ce qu’en un besoin, leur entourage penserait. On a beaucoup répété qu’il n’existe pas matière à conspirations de régiments ; pour le moment,