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Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/28

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6 LA LOGIQUE DE L’ASSERTION PURE

à interpréter les données empiriques ; celles-ci sont a posteriori par rapport à ces structures qui sont à leur tour a priori relativement à l’acquis empirique. L’expérience consiste donc dans une assimilation de l’a posteriori à l’a priori et dans l’adaptation de celui-ci à celui-là ; nous distinguons donc entre l’expérience qui est activité où la double fonction de l’esprit et de la matière empirique coexiste et l’empirique qui ne désigne que les apports externes résultant de l’interaction des mécanismes nerveux et de l’univers physico-social. La notion du « pur sujet connaissant » n’est que la limite supérieure au processus de spiritualisation, de même que celle de « l’empirique pur » en constitue la limite inférieure.

Ainsi l’expérience se définit, dans l’état actuel de l’épistémologie à la fois par rapport à l’a posteriori et à l’a priori ; ce sont notions corrélatives qui n’ont pas le caractère d’absolu, mais se déterminent l’une l’autre et se réfèrent toujours, suivant tel rapport défini qu’elles soutiennent entre elles, à un certain niveau d’intelligence : les a priori de l’adulte ne sont pas ceux de l’enfant, ni les a priori du civilisé ceux du sauvage. L’a priori marque la prépondérance des structures spécifiques de l’intelligence sur celles de l’expérience actuelle et de ses références à l’a posteriori constatable ; l’a posteriori, la prépondérance des acquisitions de l’expérience conservant leurs caractères de données relativement extérieures à l’effort intellectuel.

La seule chose que l’on puisse dire, sans chance appréciable d’erreur, est qu’il existe un esprit qui se révèle à lui-même dans l’effort qu’il accomplit pour vaincre les résistances qui s’opposent à son action