Aller au contenu

Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’EXPÉRIENCE LOGIQUE 7

d’intelligibilité et qu’il y a un univers physico-biologique sur lequel s’appuie cette activité spirituelle. Ajoutons que les termes eux-mêmes d’activité, d’expérience, de matière, d’esprit, de forme, etc., ne sont jamais réductibles à une définition décisoire précise ; qu’ils restent fonction de l’usage qui en est fait et surtout des rapports qu’ils soutiennent entre eux.

Dans ces conditions nous distinguerons entre un a priori fonctionnel se référant à l’acte même d’intelligence irréductible à quoi que ce soit d’autre, dans son opposition à tout ce qui ressortit aux notions de nature, d’inertie, de réalité physique ou biologique, et les a priori structuraux comme les schèmes, les formes, les catégories du jugement que l’esprit élabore en connexion avec l’empirique et qui lui servent d’instruments gnoséologiques. L’a posteriori désigne soit l’acquis de la connaissance issu des données empiriques, soit ce qui dans la connaissance organisée conserve son caractère empirique.

Les notions d’a priori et d’a posteriori s’appuient à la distinction solidement établie, au niveau du sens commun de l’adulte civilisé, entre le moi et le non-moi, le sujet pensant et les objets pensés, distinction que la philosophie cartésienne a symbolisée sous les formes antinomiques de la pensée et de l’étendue et qui constitue le fondement même sur lequel s’est élevée la philosophie moderne.

Si donc les progrès de la réflexion et de la psychologie ont ôté à l’opposition entre a priori et a posteriori, esprit et matière, interne et externe, etc., leurs caractères tranchés de termes ayant chacun son existence propre et les ont ramenés à des couples corrélatifs dont les valeurs d’ensemble varient suivant la