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12 LA LOGIQUE UE L’ASSERTION PURE

les traduire. Elle est normative en ce sens qu’elle doit construire ces règles dans un langage qui lui est particulier en procédant par schématisation et que ces règles une fois formulées servent à contrôler, à vérifier au second degré, les efforts ultérieurs. L’effort logique ressemble à une sorte de surface réfléchissante qui renvoie à l’esprit le dessin de ses opérations les plus formelles et générales, et facilite la prise de conscience de l’opération normative par l’entremise de la règle formulée.

C’est ici qu’apparaîtront avec le maximum de relief les caractères spécifiques de l’expérience logique : elle opère à la fois intuitivement et de façon purement formelle. Revenons pour le faire mieux saisir à la définition même de la pensée logique.

« Toute pensée logique est algorithmique, écrit M. Poirier, et consiste à construire, suivant des lois, des propositions formelles. Une proposition formelle n’est rien d’autre qu’une expression agencée avec des symboles élémentaires et canoniquement, c’est-à-dire suivant des schémas, des normes fixes[1]. » Le Vocabulaire philosophique déclare que la logique formelle (la seule qui nous intéresse ici) se réduit à traiter les concepts, les jugements et les raisonnements comme le mathématicien traite les objets de sa science, en déterminant in abstracto, indépendamment de leur contenu, sous quelles conditions ils s’impliquent ou s’excluent ».

Alors que la règle naît en général de spécifications concrètes, elle se constitue par schématisation sur le terrain purement logique. La logique substitue aux

  1. Op. cit., p. 13.