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Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/35

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L’EXPÉRIENCE LOGIQUE 13

propositions ayant un sens propre, un contenu de signification de simples algorithmes qui jouent le rôle de pions sur un échiquier mental. Elle a commencé par procéder par exemplification, les propositions utilisées n’ayant qu’une valeur conventionnelle comme dans le syllogisme. (Tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel.) Puis vient la lettre comme substitut de la proposition (Darii), pour aboutir finalement aux substituts de substituts qui pourront être ultérieurement spécifiés en propositions, relations, classes, etc. Elle procède, sur ce point, comme les algébristes.

Ensuite elle caractérise les opérations elles-mêmes par des symboles qui doivent être univoques, respecter le principe de permanence et réglés de façon précise. C’est ici que surgissent les difficultés véritables, sous-estimées par les logisticiens, comme nous essaierons de le montrer dans les deux chapitres suivants. En effet il y a d’une part l’opération effectuée sur les symboles littéraux : implication, négation, exclusion, etc., et il y a d’autre part leur formulation en algorithmes réglés. Une opération est formalisable lorsque le logicien peut traduire intégralement l’acte opératoire dans une symbolique dépourvue d’ambiguïté, dans la mesure où la formule recouvre l’acte opératoire. Nous montrerons plus loin que la formalisation proprement dite, au sens mathématique du mot, ne commence pas au niveau des opérations fondamentales, mais au delà de ce premier acte intensif.

M. Poirier, dans sa judicieuse critique du mot intuition, parle du « sens intuitif opératoire » concernant « le maniement des symboles, dont certains sont