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Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/38

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16 LA LOGIQUE DE L’ASSERTION PURE

algorithmique ; il s’agit ici d’une difficulté non théorique mais pratique qui est progressivement vaincue au fur et à mesure des progrès créateurs de la logique. C’est le fait crucial de l’expérience proprement logique ; le progrès de la logique est fonction de l’information du logicien comme de sa puissance de réflexion et d’analyse proprement logique. La mathématique peut fournir et fournit à cette réflexion une matière d’autant plus précieuse qu’elle est plus élaborée par l’esprit, mais logique et mathématique ne se confondent point pour cela. Il y a même un risque sérieux pour le logicien à imiter de façon servile les méthodes de l’algébriste, à s’abandonner de façon unilatérale à la pente des automatismes du calcul logique, sans un effort constant pour les confronter avec cette expérience de signification logique que nous avons essayé de décrire. M. Poirier a rendu un grand service aux logiciens en insistant sur ces questions fondamentales que la logistique a, semble-t-il, perdu de vue. Nous aurons l’occasion de le confirmer aux chapitres suivants par des exemples concrets et précis.

« La plupart des axiomaticiens, écrit-il, ont une philosophie de la logique un peu schématique. Il semble, à les lire, qu’elle constitue un mécanisme mental parfaitement défini et achevé, si bien que, dès qu’une notion s’y trouve incorporée, par le détour d’une formalisation plus ou moins fictive, elle se trouve transfigurée, élevée en dignité, presque idéalisée[1]. »

Mais ailleurs M. Poirier, qualifiant fort justement

  1. Op. cit., p. 6