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Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/37

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L’EXPÉRIENCE LOGIQUE 15

l’a priori et tend à dégager ce qui dans l’activité intellectuelle constitue l’import irréductiblement spirituel ; mais l’expérience logique est a posteriori en ce sens tout d’abord qu’elle opère sur une matière préalablement élaborée où entrent des éléments issus d’une réaction de l’esprit sur les choses et dans le sens ensuite qu’elle implique prise de conscience d’opérations réellement effectuées.

« Le problème de la logique, déclarait M. Goblot, est de déterminer quelles sont les conditions d’une activité purement intellectuelle… En isolant l’intelligence, en l’obligeant à travailler seule, nous avons déterminé le domaine de la logique, et nous l’avons taillé dans celui de la psychologie[1]. » La formule est séduisante, mais elle ne nous satisferait qu’à la condition de parler « d’une activité purement formelle » de l’intelligence, car il est bien difficile de réaliser l’idéal d’une intelligence pure. Pascal ne déclarait-il pas que « même les propositions géométriques deviennent sentiments, car la raison rend les « sentiments naturels et les sentiments naturels s’effacent par la raison » [2], en un langage qui n’est plus tout à fait le nôtre ? Ensuite nous dirions, au lieu de « en l’obligeant à travailler seule », en l’obligeant à travailler sur une matière réduite à des algorithmes dépourvus de signification intrinsèque.

V) La difficulté qui subsiste en fait pour le logicien est précisément cet effort d’adéquation entre l’acte opératoire et l’image formelle qu’en donne l’expression

  1. E. Goblot, Traité de Logique, § 7, p. 22.
  2. Pensées et Opuscules, p. 373, Ed. Brunschvicg.