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Page:De La Nature.djvu/120

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Je ne crois pas que personne ait considéré jusqu’ici la vie animale sous l’aspect qu’il me plaît de lui donner, parce que je n’en vois point de plus naturel. Je ne me persuade pas aussi que personne désormais le trouve étrange. Révoquera-t-on en doute ce que la nature atteste ? Qui osera l’accuser de mentir ?

Nous transmettons l’existence à d’autres individus qui la transmettront de même à d’autres. Ce que nous en donnons est tiré de la portion qui nous a été confiée. Il n’y en a qu’une certaine quantité dans l’univers ; & cette quantité est divisée entre tous les êtres vivans. Les nouvelles générations ne font que remplacer les anciennes qui ont été. La vie passe des germes vivans, qui dépérissent, aux germes nouveaux, qui éclosent, comme le mouvement est communiqué dans le choc. La vivification de ceux-ci n’est pas moins essentielle à la perpétuité des especes que le dépérissement de ceux-là. Et indépendamment de tout raisonnement, la mort subite de quelques insectes après l’accouplement, l’exténuation, effet nécessaire du rut & toujours proportionné à l’ardeur de l’irritation, l’altération, l’épuisement, le marasme qui suivent l’usage immodéré du coït, prouvent assez que l’animal ne donne l’existence qu’aux dépens de la sienne. Ainsi les plantes meurent en jettant leur graine ;