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Page:De La Nature.djvu/167

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ont manqué à l’instruction. Une compréhension bornée, comme on en rencontre, n’a presque pas de moyen d’éviter l’erreur. Les hommes à qui la nature a refusé une plus grande étendue de génie & ceux qui par une nonchalance criminelle ont ainsi réduit la portion plus considérable qu’ils en avoient au commencement, ont recours à l’intelligence des penseurs en titre. L’erreur & la vérité sont pour eux des hazards. Car il y a parmi ceux-là même qui se chargent de penser pour le public, des esprits très-bornés & tout-à-fait incapables d’un raisonnement suivi. Quel est plutôt le bon esprit qui ne se fatigue à suivre une induction, pour peu qu’elle soit compliquée, qui ne prenne quelquefois le change dans des occurences délicates ? La pénétration après ce premier faux pas, augmente l’égarement ; on va d’erreur en erreur, cotoyant toujours le vrai, sans le joindre jamais. Les plus grands génies ont donné dans les erreurs les plus étranges : il n’en est pas un seul qui n’ait payé le tribut à l’humanité. Que sera-ce donc des esprits foibles, rampans, grossiers, stupides ?

On respecte les anciennes erreurs, comme les caprices des vieilles gens. Si elles intéressent la religion, on s’efforce de trouver de plus grands inconvéniens à les abolir. Si la forme du gouvernement, on trouve dans