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Page:De La Nature.djvu/35

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& le mal s’y engendrent avec une égale fécondité. Ils découlent naturellement du fond des essences. Ils sont le développement d’un germe aussi inépuisable d’un côté que de l’autre. Dans le systême moral vous trouvez des Etres, qu’on croiroit méchans par instinct. Il y en a qui se font méchans par choix, parce qu’ils ne trouvent pas d’intérêt à être bons. Les tempéramens heureux sont décidés au bien presque sans leur participation. La multitude auroit bien de la peine à rendre raison de sa conduite. Au moins ils offrent tous un contraste bizarre de joie & de tristesse, de droiture & de malice. Si quelques-uns se prétendoient privilégiés, sans examiner combien il faudroit rabattre de leurs prétentions, il suffit de dire que les exceptions seront toujours assez rares pour être négligées. L’admiration ou l’épouvante, dont ces sortes d’exemples frappent les esprits, prouve qu’ils sortent de la sphere commune.

Nous ne valons pas mieux & nous ne sommes pas pires que les générations passées. Ni l’éloquence de Rousseau, ni les brusques incartades de Voltaire, ni la misantropie d’un sombre déclamateur ne nous persuaderont jamais, que nous avons dégénéré. Qu’un adulateur indiscret vienne publier aussi que la nature s’améliore en vieillissant ; le droit des gens impunément violé, la personne sacrée des rois