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Page:De La Nature.djvu/399

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affectées, de vaines offres de service. Les liens de la société, qui devoient resserrer ceux de l’humanité, les laissent au contraire lâches & flottans. La vanité asservit toutes les ames : elle a pris la place de l’instinct, & elle décide du juste & de l’injuste. L’éducation n’est plus que l’étude des talens & de l’art honteux de feindre pour plaire, de flatter pour obtenir, de tromper pour parvenir, d’affecter pour séduire, en un mot d’être avec honneur fourbe, traître, hypocrite & corrupteur.

À ces principes dont un vernis de politesse déguise la laideur, les passions viennent joindre leurs forces pour en assurer le triomphe sur les sentimens moraux. Si les intérêts des sens extérieurs sont souvent en opposition avec ceux de l’instinct moral, ce n’est pourtant que quand leurs droits respectifs sont étendus au delà des bornes légitimes ; car l’on n’est jamais dans l’affreuse nécessité de se révolter contre la nature pour lui obéir. À la bonne heure, que l’on satisfasse les premiers selon la mesure du besoin physique. Mais on ne leur accordera pas davantage sans éprouver une certaine répugnance intérieure qui avertit où le bien cesse & confine au mal. Heureux celui qui n’a jamais détourné son attention de ces impressions vertueuses ! Sa fidélité à les suivre, lui a rendu le tact moral aussi