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Page:De La Nature.djvu/87

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moins on ne doute pas que tous les Etres, ceux même qu’on suppose n’avoir pas la conscience de leur existence, ne cherchent pourtant à la perpétuer suivant la mesure des moïens qu’ils ont reçus. Il est donc un amour universel de l’être répandu dans toutes les créatures, soit qu’il y réside sous la forme très-simple d’un mouvement organique, soit d’un sentiment plus ou moins développé & réfléchi. Il donne naissance à deux besoins nécessaires & aveugles comme lui : le besoin de vivre dans soi-même jusqu’à un certain période de tems marqué, & le besoin de donner la vie à son semblable. Le premier a pour but la conservation limitée de l’individu. Le second assure la durée permanente des especes. Bien qu’en satisfaisant l’un & l’autre, l’animal le plus instruit ne songe guere aux intentions de la Nature, elle a pourtant attaché le bonheur au plein contentement de tous les deux. Est-ce un attrait pour l’engager à entrer dans ses vues ? Sûrement ce n’est pas une récompense de son zele à les seconder.

Mon dessein est d’envisager ici la nutrition & la réproduction des Etres, comme deux branches-meres de l’arbre du bien & du mal.

La Nature ordonne à tous les animaux de manger. En prenant ce terme dans la plus grande étendue, l’ordre se trouvera aussi général qu’il est absolu. Il s’adressera à tous