les Etres, & ne souffrira point de modification. Tout ce qui existe varie, s’altere, dépérit, & ne reste pas deux instans de suite dans le même état. Cette altération continuelle de tous les corps, qui les fait languir, est une faim réelle ; & quoique l’apétit soit particuliérement affecté aux animaux, on ne court aucun risque de l’universaliser, d’autant que tous les corps transpirent ; que la transpiration étant une dissipation de parties substantielles, ils ont besoin d’être sans cesse réparés & sustentés, & qu’ils y sont tous excités par un même mouvement machinal. Mais les uns trouvent leur nourriture auprès d’eux. Il y en a qui l’attirent d’une très-grande distance. Ceux qui sont doués du mouvement progressif ont la peine de l’aller chercher, & souvent ils fatiguent beaucoup pour se la procurer.
Les élémens diffus par-tout & en quelque sorte confondus ensemble, se servent d’aliment les uns aux autres. Personne n’ignore que le feu se nourrit d’air, qu’il suffoque & meurt s’il n’en a pas une quantité suffisante ; il dévore encore presque toutes les choses. L’air se rassasie d’eau, selon divers degrés de saturation, connus sous les noms de densité & de rareté : il a pour cet effet une viscosité, en vertu de laquelle il s’attache facilement les particules humides qu’il s’approprie ensuite. L’eau à son tour s’impreigne d’air & de feu. Ce n’est que par eux qu’elle entretient sa fluidité :