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LE CANADA ENTRE EN GUERRE 23

aussi cordiaux que dans la province de Québec. Ces mots « interviews, papiers, reportages », qui nous font toujours un peu faire la grimace, prennent là-bas une signification très différente.

Il

La collaboration offerte par les Britanniques s'étend au gou- vernement même du pays, puisqu'on sait que M. Ernest Lapointe, Président du Comité France-Canada d'Ottawa, est actuellement ministre de la Justice. Et on peut penser que cette adroite politique porte ses fruits si l’on se rappelle le discours prononcé par M. Lapointe le 17 septembre dernier, au cours des débats qui précédèrent la déclaration de l’état de guerre au Canada. Ce discours empreint de loyauté et de logique souleva une émotion indicible et valut à l’orateur une ovation comme on n’en avait jamais connu encore au Parle- ment d'Ottawa.

Est-ce à dire que tous les Canadiens français aient accepté de bon cœur de participer à la guerre européenne ? Là je touche à un point délicat, mais que je n’aurai pas l'hypocrisie de cacher. .

Il est certain que pour l'habitant de la Province de Québec, particulièrement jaloux de son indépendance et de son acti- vité politique, participer automatiquement à la guerre, c’est montrer que le Dominion est encore une colonie anglaise. De là quelques protestations habilement exploitées par l’ambition de petits chefs de partis. « Cette guerre n’est pas la nôtre. Nous n’allons pas faire tuer nos fils pour les intérêts de la haute finance britannique... » tels étaient les arguments à courte vue et d’une séduisante démagogie que l’on a pu entendre exprimer au début des hostilités,