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24 JACQUES DE LACRETELLE

Un de mes amis, Canadien français de vieille souche, devant qui je m'étonnais de cette campagne, m'a conjuré alors de ne pas en faire état. Reste de vieilles rivalités politiques, m'avait-il répondu, adroïtement exploitées par quelques fac- tieux, mais qui n’ont pas d’écho profond dans le pays. Atten- dez et soyez sans crainte. »

Et il est vrai que les événements lui ont donné raison. Le vote du Parlement, obtenu à la quasi unanimité, puis tout récemment, l'échec essuyé aux élections provinciales par le parti Duplessis, le parti protestataire, ont affirmé sans con- teste le loyalisme de Québec et son désir de coopérer avec la politique franco-britannique. En somme, c’est peut-être une petite aspérité de l'héritage français qui se montre ainsi de temps à autre. « Après tout, que ces maudites gens se débrouil- lent là-bas entre eux. Tant qu'ils ne seront pas sur ma ferme, je n’ai pas à m'occuper de ces affaires. » N’entendez-vous pas un de nos vieux paysans — un sur mille — maugréer parfois de la sorte ? Eh ! bien, il a un arrière-cousin au Canada !

Canadiens et Français ont beaucoup à gagner à multiplier entre eux les échanges et les visites. Je laisse de côté ce je ne sais quoi qui nous unit et qui m’a souvent fait penser au « parce que c'était lui, parce que c'était moi », de Montaigne au sujet de La Boëtie.

Mais, en ce qui nous concerne, nous pouvons recueillir au Canada des exemples plus concrets, plus tangibles. L’accrois- sement de la natalité, le refus de la théorie du moindre effort en ce qui concerne la production sont là-bas des dogmes évi- dents. Jusqu'à quel point sont-ils en vedette chez nous, je laisse mon lecteur me répondre.

Et il y en a d’autres dans le domaine spirituel. Les Cana-