Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/118

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Tu nous as promis d’épargner le pain de nos femmes et de nos enfants, et tu as doublé nos misères pour grossir tes trésors.

Tu nous as promis de la gloire, et tu nous as valu le mépris des peuples et leur juste haine.

Descends, descends, et va dormir avec les parjures et les tyrans.

Et il se sentait précipité, traîné par cette multitude, et il s’accrochait à des sacs d’or, et les sacs crevaient, et l’or s’échappait et tombait à terre.

Et il lui semblait qu’il errait pauvre dans le monde, et, qu’ayant soif, il demandait à boire par charité, et qu’on lui présentait un verre plein de boue, et que tous le fuyaient, tous le maudissaient, parce qu’il était marqué au front du signe des traîtres.

Et le vieillard détourna les yeux avec dégoût.

Et dans deux autres palais, il vit deux autres hommes rêvant de supplices. Car, disaient-ils, où trouverons-nous quelque sûreté ? Le sol est miné sous nos pieds ; les nations nous abhorrent ; les petits enfants, même, dans leurs prières, demandent à Dieu, le soir et le matin, que la terre soit délivrée de nous.

Et l’un condamnait à la prison dure, c’est-à-dire à toutes les tortures du corps et de l’âme, et à la mort de la faim, des malheureux qu’il soupçonnait d’avoir prononcé le mot de patrie ; et l’autre,