Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/146

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j’avais cru voir et entendre n’était qu’un songe vague de la nuit.

Que dirai-je donc aux enfants de la nuit, et que peuvent-ils comprendre ? Et des hauteurs du jour éternel, ne suis-je pas aussi retombé avec eux au sein de la nuit, dans la région du temps et des ombres ?

Je voyais comme un océan immobile, immense, infini ; et dans cet océan, trois océans : un océan de force, un océan de lumière, un océan de vie ; et ces trois océans, se pénétrant l’un l’autre sans se confondre, ne formaient qu’un même océan, qu’une même unité indivisible, absolue, éternelle.

Et cette unité était Celui qui est ; et au fond de son être, un nœud ineffable liait entre elles trois Personnes, qui me furent nommées, et leurs noms étaient le Père, le Fils, l’Esprit ; et il y avait là une génération mystérieuse, un souffle mystérieux, vivant, fécond ; et le Père, le Fils, l’Esprit, étaient Celui qui est.

Et le Père m’apparaissait comme une puissance qui, au-dedans de l’Être infini, un avec elle, n’a qu’un seul acte, permanent, complet, illimité, qui est l’Être infini lui-même.

Et le Fils m’apparaissait comme une parole, permanente, complète, illimitée, qui dit ce qu’opère la puissance du Père, ce qu’il est, ce qu’est l’Être infini.

Et l’Esprit m’apparaissait comme l’amour, l’effusion, la spiration