Page:De Lamennais - Paroles d'un croyant, 1838.djvu/53

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Et un sixième dit :

Je reconnais l’avantage des supplices prompts, terribles, inévitables. Cependant il y a des âmes fortes et des âmes désespérées qui bravent les supplices.

Voulez-vous gouverner aisément les hommes, amollissez-les par la volupté. La vertu ne nous vaut rien ; elle nourrit la force : épuisons-la plutôt par la corruption.

Et tous répondirent : Il est vrai. Épuisons la force et l’énergie et le courage par la corruption.

Alors le septième, ayant comme les autres bu dans le crâne humain, parla de la sorte, les pieds sur le crucifix :

Plus de Christ ; il y a guerre à mort, guerre éternelle entre lui et nous.

Mais comment détacher de lui les peuples ? C’est une tentative vaine. Que faire donc ? Ecoutez-moi : il faut gagner les prêtres du Christ avec des biens, des honneurs et de la puissance.

Et ils commanderont au peuple, de la part du Christ, de nous être soumis en tout, quoi que nous fassions, quoi que nous ordonnions.

Et le peuple les croira, et il obéira par conscience, et notre pouvoir sera plus affermi qu’auparavant.

Et tous répondirent : Il est vrai. Gagnons les prêtres du Christ.

Et tout à coup la lampe qui éclairait la salle s’éteignit,