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SOUVENIRS D’UN GARIBALDIEN.

noir, dans ce trou délayé par la pluie, noyé dans la boue ! N’eût-on pas préféré la prison !

Quelques verres d’un bon petit vin, la seule chose bonne que l’on nous servit, m’enhardirent à parler, et je dis au général :

— J’ai pris des informations, et je sais qu’à une portée de fusil d’ici, il y a un beau château dont les maîtres nous recevraient avec plaisir.

— Ah ! dit sèchement le général, Monsieur veut faire le châtelain ; et il ajouta en souriant :

— Où trouveriez-vous un château plus somptueux que celui-ci ?

La terrible sobriété de Menotti, devenue proverbiale dans l’armée des Vosges, mettait un frein à nos aspirations épicuriennes.

Ayant fait de nécessité vertu, Baghino, moi, le lieutenant Bonomi, et le capitaine de mobiles Drouon, qui s’était adjoint à notre état-major, nous nous consolâmes avec quelques verres supplémentaires, tandis que Menotti projetait une cavalcade dans le pays que les pluies avaient transformé en étang.

Rien, de précis sur les Prussiens. Les informations des habitants étaient contradictoires. On