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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/120

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V

Les premiers compliments échangés, le duc s’entretint avec l’artiste du grand canal Navilio Sforzesco, qui devait réunir la rivière Sesia au Ticcino, s’étendre comme un filet en nombreux petits canaux, arroser les prés, les champs et les pâturages de la Lomellina.

Léonard dirigeait les travaux de construction du Navilio bien qu’il n’eût pas le titre de constructeur ducal, ni même celui de peintre de la cour. Il conservait simplement le titre de musicien, reçu jadis pour la lyre de son invention. Sonatore di lira, ce qui était un titre plus élevé que celui de poète de la cour, qu’avait Bellincioni.

Ayant expliqué les plans et les comptes, l’artiste demanda une avance d’argent pour la continuation des travaux.

— Combien ? dit le duc.

— Pour chaque mille, cinq cent soixante-six ducats ; au total, quinze mille cent quatre-vingt-sept ducats, répondit Léonard.

Ludovic grimaça en songeant aux cinquante mille ducats fixés ce même jour pour les cadeaux destinés aux seigneurs français.

— C’est cher, messer Leonardo ! Vraiment tu me ruines. Tu veux toujours l’impossible et l’extraordinaire.