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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/132

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à genoux, les mains croisées et les yeux levés au ciel. »

Le duc se rendit rapidement à la chapelle pour ne point manquer le moment indiqué, dans la crainte que, par suite, sa prière ne fut pas exaucée.

Dans la chapelle à demi obscure, une lampe brûlait devant une image. Le duc aimait cette peinture de Léonard de Vinci, représentant Cecilia Bergamini sous les traits de la Vierge bénissant une rose à cent feuilles.

Il compta huit minutes sur la minuscule pendule de sable, s’agenouilla, croisa les mains et récita le Confiteor.

Il pria longtemps, dévotement et béatement.

« Ô Mère de Dieu, murmurait-il, les yeux levés humblement, défends-moi, sauve-moi et pardonne-moi ; bénis mon fils Maximilien et le nouveau-né César, ma femme Béatrice et madame Cecilia, et aussi mon neveu messer Jean Galéas, car – tu vois mon cœur, très pure Vierge – je ne veux point de mal à mon neveu, je prie pour lui, bien que sa mort dût épargner à mon royaume et à l’Italie entière de terribles et irrémédiables malheurs. »

Ici, le More se souvint des preuves de son droit au trône de Milan, preuves inventées par les jurisconsultes : son frère aîné, père de Jean Galéas, était le fils, non du duc, mais du chef d’armée Francesco Sforza, puisqu’il était né avant l’avènement au trône, tandis que lui Ludovic était né après et se trouvait par conséquent le seul héritier de plein droit.